Grant Haua « Ora Blues At The Chapel »

Bien connu des fans de blues-rock, le néo-zélandais Grant Haua poursuit son périple solo en dehors de Swamp Thing, et propose avec « Ora Blues At The Chapel » un album étonnant. Le guitariste a puisé dans son répertoire des quinze années passées, pas moins de douze chansons (treize si l’on compte « Balladeer » emprunté a son duo avec Michael Barker), et les interprètent dans les conditions du live intimiste devant un parterre d’invités. Une session très très privée comme dirait l’autre.

Ce qui rend « Ora… » si étonnant et envoutant à la fois, c’est que l’ami Grant donne carrément une leçon de blues à son auditoire, le rend accessible à tous, et revisite la quasi totalité des gammes de la guitare initiée par Robert Johnson. Le pacte en moins, évidemment. Et encore en y réfléchissant bien…

Ce que je veux dire par là, dès que vous entendrez par exemple le titre d’ouverture « Bad Man » et sa tonique en la, vous aurez la soudaine envie de brancher directement votre Les Paul sur le canal crunch de votre ampli, et de jouer pendant des heures. Oui oui, juste à l’écoute d’un morceau ! J’en parle en connaissance de cause, et c’est valable pour tous les autres titres de ce recueil. C’est dire justement l’aura et l’irrésistible contagion guitaristique qui se dégage des cinquante cinq minutes du disque.

Le discours musical de Grant s’adresse aussi bien aux guitaristes Padawan qu’aux Jedi confirmés, et la grande force de ce live reste sa production. Pour la première fois depuis longtemps, un album de blues ne sonne pas dans le lisse & propet, qui a tendance à ce démocratiser dans un bon nombre de disques d’artistes qui se disent rebelles et puristes. A l’écoute du live on distingue même un côté rugueux authentique que l’on devrait retrouver dans tous les albums du genre. Grain provenant peut-être de la guitare si destroy du bluesman.

Mais dites moi, ce n’est pas ce l’on recherche dans le blues à la base, l’authenticité ? Si un jour vous croisez Grant, demandez-lui ce qu’il en pense, car lui il l’a et il ne triche pas.