Rappel des faits pour bien remettre les pendules à l’heure… Le parcours musical d’Anthony Philip Harford n’a pas toujours été simple, et le chanteur a souvent été utilisé comme bouche-trou par Tony Iommi pour palier aux caprices des sieurs Osbourne & Dio, à plusieurs moments de la carrière du Sabbat Noir. Il a souvent été reproché à Tony Martin, et très injustement d’ailleurs, de n’être qu’une pâle copie de Ronnie, que de toute manière il n’avait rien à faire dans le groupe et que Sabbath c’était avec Ozzy et nulle autre chanteur. Et toutes sortes d’autres médisances à son égard lors de ses différents passages dans le groupe.
Pourtant, quel chanteur ! Il suffit juste d’écouter « The Headless Cross » de 1989, qui fait tout simplement parti des meilleurs albums de Sabbath (ndr : ça doit grincer sévère), et « Forbidden » (1995), considéré par les puristes comme l’album le plus mauvais du Sabb’ en raison de la présence de Tony Martin, pour se rendre compte que l’organe et la puissance vocale du chanteur étaient impeccables pour le job. Ne pas oublier non plus qu’à l’origine ce devait être lui sur « Dehumanizer » (1992). Des sessions d’enregistrements avaient eu lieu, mais Iommi cédera une fois de plus à la pression de Dio et évincera son chanteur de secours. Evidemment, Ronnie James Dio restera à jamais un immense chanteur et une énorme influence pour nombre de musiciens à travers le monde, mais là il suffit juste de rendre une certaine justice à Tony Martin.
Malgré ces moments très inconfortables, notre homme a quand même réussi à se faire un nom, et peut être considéré à très juste titre comme l’un des plus grands chanteurs du heavy-metal, et qu’il en a encore sous le capot. Ceux qui douteraient de mes propos, écoutez « Thorns », et constatez qu’il s’agît d’un p***** d’album ! Pour son troisième disque solo, Mr Martin c’est entouré des bassistes Magnus Rosén (ex-Hammerfall) et Greg Smith (Blue Oyster Cult/Rainbow/Alice Cooper), de Danny Needham (Venom) aux fûts, et du guitariste Scott McClellan. Pour la petite histoire, l’ami Scotty a joué dans quelques groupes dont un tribute de Pantera, a co-écrit le disque avec Tony, et très franchement, ses parties de guitares sont tout bonnement géniales. Il est même regrettable qu’il ne soit pas plus connu que ça.
Les onze titres de « Thorns » s’inspirent pas mal de « The Headless Cross » pour les ambiances de claviers, les riffs modernes sont incisifs et puissants (entre autres sur « As The World Burns« / »Black Widow Angel »/ »Damned By You »), de redoutables parties acoustiques s’invitent (« Crying Wolf »/ »Thorns »), et ça tabasse sec du côté de la section rythmique.
En 2022, Tony Martin refait de nouveau parler de lui, et signe avec « Thorns » un très grand disque de heavy-metal au son gros comme ça qui peut déjà s’inscrire comme l’une des premières bonnes surprises de ce début d’année. Les frustrés réfractaires à la simple énumération de son nom devraient sérieusement revoir leur copie, et prendre enfin conscience que le chanteur n’a de leçon à recevoir de personne. La messe est dite.
Tony Martin « Thorns » – Battlegod Productions, 14 Janvier 2022


Guillaume