Lorsque l’on vous propose d’interviewer l’organiste du groupe de feu Stevie Ray Vaughan, Double Trouble, que notre homme a joué sur toutes les scènes du monde avec Buddy Guy, Kenny Wayne Shepherd, John Mayall, Joe Bonamassa, et qu’il est de passage à Paris pour parler de son premier album solo « Sweet Release », la seule question qui vous vient en tête est de savoir à quelle heure part le prochain RER pour la capitale ! Rencontre avec un grand monsieur aussi bien par le talent que par la taille…
Reese, vous avez joué avec les pointures du Blues et vous sortez seulement maintenant votre premier album solo, pourquoi ?
Il y a une raison à ça… Je suis un « session-man », et j’ai toujours été heureux de pouvoir jouer dans un groupe. La musique occupe une très grande partie de ma vie depuis de nombreuses années maintenant, et en aucun cas j’ai un côté « rock-star », et ne suis ni chanteur ni un frontman. Je suis juste un gars qui joue du piano et de l’orgue dans des groupes hahaha !
Il y a environ cinq ans, je jouais avec ce fantastique guitariste qu’est Joe Bonamassa qui me demande quand est-ce que je sortirai un jour un album en solo. Je lui réponds tout simplement que je ne suis pas encore prêt pour ce genre de chose. Et puis, j’ai commencé à écrire et enregistrer des musiques, et j’ai trouvé ça vraiment cool ! En écoutant le résultat, je me suis demandé si ça ferai un bon disque, et Joe est ensuite revenu vers moi en me suggérant d’y inclure des vocaux. J’ai trouvé que c’était une très bonne idée que de faire venir mes chanteurs favoris. Joe a joué de la guitare et produit le disque, aujourd’hui « Sweet Release » est là, et on peut aussi bien écouter du blues à la sauce Stevie Ray Vaughn, du funk à la Otis Rush que du bon rock à la Arc Angels (ndr : groupe blues/rock Texan du début des 90’s avec Doyle Bramhall II, Charlies Sexton et la section rythmique de Double Trouble) !
En écoutant « Sweet Release », on a vraiment l’impression que vous proposez un tribute à tous les genres de Blues avec le spirit de la Soul Music…
En plein dans le mille mon gars, c’est exactement ce que je voulais faire hahaha ! En enregistrant « Sweet Release » je me suis imaginé en train d’écouter un album dans lequel je pourrais retrouver toutes ces musiques que j’aime depuis toujours, en prenant beaucoup de fun avant tout ! On a enregistré l’album avec Joe, et je ne me suis fixé aucune limite, mis aucune barrière. C’est pour ça qu’il y a de l’acoustique, du piano, des choeurs, de la guitare, c’est un disque très organique.
La liste des invités est impressionnante ! C’était important de faire venir et jouer vos amis ?
Oui très important ! Plus spécialement rendre hommage à Stevie Ray en faisant jouer Chris Layton et Tommy Shannon, la section rythmique de Double Trouble ! Kenny Wayne Shepherd joue aussi sur l’album car non seulement c’est un ami, mais aussi le seul à jouer parfaitement comme Stevie. C’était super de les avoir avec moi, c’était super de faire jouer Jack Pearson et Warren Haynes ! Il y a quand même trois sections rythmiques sur « Sweet Release », et d’écouter comment sonne le disque est vraiment une sensation extraordinaire ! Ces musiciens sont tous mes amis !
L’album a été enregistré en combien de temps vu le nombre de personnes qui y jouent ?
Assez rapidement en fait. On a enregistré les 13 chansons en six jours. Déjà tout a été capté « live ». Les rythmiques, les guitares, l’harmonica, mes claviers. Doyle Bramhall est venu au studio spécialement de Nashville, et tous les chanteurs sont venus au studio. Il y a juste Warren Haynes et Sam Moore qui ont enregistrés directement chez eux.
Avez vous des concerts de prévus pour présenter « Sweet Release » ? Une tournée ?
Une tournée me semble prématurée… Il y aura quelques concerts avec Kenny Wayne et les musiciens de Joe, ensuite il y aura une bonne centaine de shows avec Joe. Mais pas de tournée à proprement dite pour l’album, juste quelques dates…
Vos impressions sur le fait d’avoir joué avec Stevie Ray Vaughan et Double Trouble…
Fantastique ! De grands moments partagés avec les meilleurs, c’était un grand groupe et jouer avec eux me donnait le frisson ! Avant que je ne rejoigne Double Trouble, je n’avais jamais vraiment eu de place à part entière dans un groupe, et jouer avec eux a été formidable. Lorsque l’on a enregistré « Crossfire » pour « Sweet Release » j’ai retrouvé ce même frisson en jouant avec mon orgue, incroyable !
J’étais dans Double Trouble de 1985 à 1990. On a fait un nombre incroyable de festivals blues, rock et jazz à travers le monde et à chaque fois, je peux vous affirmer que l’accueil du public était fantastique ! Vous savez ce que c’est que de se sentir au bon endroit, à la bonne place et au bon moment ? Et bien c’est ce que j’ai ressenti avec ce groupe à chaque instant !
Et quels sont les musiciens qui vous ont inspirés ?
Lorsque j’ai commencé, le meilleur organiste que j’ai écouté fût Jimmy Smith. Dans la musique du film « Walk On The Wild Side », il fait hurler son orgue de manière incroyable ! Je n’avais jamais entendu une chose pareil !! J’ai découvert aussi Oscar Peterson, l’un des rares à faire swinguer un piano, Jerry Lee Lewis aussi, j’adore son « Rock N’ Roll Style », un joueur de piano terrifique !! Lorsque j’étais jeune j’écoutais aussi beaucoup Ray Manzarek et toute cette créativité avec les Doors, c’était fabuleux…
Quelques mots pour vos fans ?
Reese Wynans – « Sweet Release » – sortie le 1er Mars
Guillaume